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Le chrétien et l’ennui: comment lutter contre l’apathie spirituelle?

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Mi-août. 

Tous les parents qui ont des enfants scolarisés, savent que c’est la saison de l’ennui. L’excitation des premières semaines de vacance d’été s’est estompée. Toutes les activités sympas que l'on attendait avec impatience lors des derniers jours d’école ont été réalisées. Avoir du temps libre fait désormais partie du quotidien. Les enfants informent leur parents qu’il n’y a "rien" à faire. Les parents lèvent les yeux au ciel et répondent "nous aussi, on aimerait bien avoir le luxe de s’ennuyer!".

Pourtant, les parents peuvent également expérimenter l’ennui. Cependant, pour les adultes l’ennui ne signifie pas qu’il "n'y a rien à faire". Nous sommes constamment en train de courir pour accomplir des listes interminables de responsabilités, obligations, tâches et engagements. Il y a toujours plus de choses à faire que ce que nous sommes en mesure de faire. Dans ce contexte, notre ennui prend plutôt la forme d'un manque de joie, d’émerveillement ou de motivation. 

Quelque soit la forme l’ennui, nous devons y prêter attention. En effet, l'ennui nous relève toujours quelque chose d'important sur notre état spirituel. 

Qu’est-ce que l’ennui?

Qu’est-ce que l’ennui? Pour faire simple, l’ennui est une forme de désintérêt. C’est trouver une chose, une personne, un sujet, une tâche, un événement inintéressants.

"L’ennui n’est pas l’opposé de l’occupation; c’est l’opposé de l’intérêt."

Par exemple, lorsque l’un de mes enfants dit "je m’ennuie, il n’y a rien à faire", il ne veut pas dire  littéralement qu’il n’y a rien à faire. Cela signifie plutôt: "je ne trouve rien à faire qui m’intéresse". C’est la raison pour laquelle mes enfants évitent généralement de dire cette phrase en face de moi, car ils savent que je risque de leur trouver quelque chose à faire - quelque chose pour laquelle ils n’ont pas forcément un intérêt.

Ainsi, nous pouvons être tout à la fois très occupés et terriblement ennuyés, parce que l’ennui n’est pas l’opposé de l’occupation; c’est l’opposé de l’intérêt. Ce n’est pas un problème de "chose à faire"; c’est un problème d'intérêt qui révèle plus en profondeur un problème de joie.

Quelle est la différence entre l’ennui et la paresse?

Il est peu probable que vous trouviez le mot "ennui" dans votre Bible. En revanche, vous trouverez les mots "paresse" (Proverbe 12:24 ; Ecclésiaste 10:18 ; Matthieu 25:26), "paresseux" (Proverbe 6:6 ; 21:25), "fainéant" (Tite 1:12) et "indolent" (Proverbe 19:15, 2 Thessaloniciens 3:11), et la Bible est claire sur le fait qu’il s’agisse des caractéristiques de l’homme pécheur.

Finalement, peut-on considérer l’ennui comme de la paresse, de la fainéantise, de l’oisiveté ou de l’indolence?

Pas forcément. De nombreuses raisons pourraient expliquer que nous nous soyons “désintéressés” ou démotivés: le manque de sommeil, la maladie, la dépression, le chagrin, la déception, etc. Cependant, il pourrait également s’agir d’une indulgence momentanée pour notre paresse, à moins qu’il ne s’agisse d’une paresse déguisée en ennui! 

La mauvaise compréhension

Dans le langage courant, l’ennui est en général compris comme l’expérience temporaire du désintérêt. Selon ce qui "alimente" notre ennui, nous pourrons déterminer dans quelle mesure il s’agit de péché. En effet, tout le monde expérimente l’ennui à un moment donné et bien que nous trouvions cela déplaisant, nous n’en sommes pas spécialement alarmés.

Nous pensons que la paresse est une chose bien différente de l'ennui - un trait de caractère  négatif, continu et récurrent. Nous ne l'attribuons pas à n’importe qui, et on pourrait la considérer comme nuisible voir dangereuse, à la fois pour la personne concernée et pour son entourage (et c’est aussi le point de vue biblique). Par exemple, un salarié pourrait s’ennuyer (être désintéressé) dans son travail, mais pour autant continuer à travailler avec sérieux. Mais un salarié qui est paresseux travaillera de manière négligente au détriment des autres.

Cependant, percevoir la différence peut être compliqué. Une personne paresseuse ne sera peut-être pas assez honnête pour se considérer comme telle, et aura plutôt tendance à parler de son expérience comme "ennuyante" (les choses qu’elle ne voudra pas faire comme étant "ennuyeuses"). Ce qui montre bien que l’ennui n’est pas perçu aussi négativement que la paresse. Pourtant de ce point de vue, il pourrait bien s’agir de paresse déguisée en ennui.

Différencier l’ennui de la paresse est essentiel, car nous avons besoin d’un diagnostic précis pour traiter efficacement la maladie. L’ennui et la paresse ne sont pas nécessairement les conséquences du même problème. Nous devons comprendre ce que nous dit l’ennui afin de ne pas le traiter avec le mauvais médicament.

Ce que révèle notre ennui 

Que révèle notre ennui ? S’ennuyer, revient implicitement à se poser cette question: "où se trouve la joie"? L’ennui naît de notre soif de bonheur après avoir perdu de vue ou perdu confiance en ce qui pouvait nous le donner; et de ce fait, il sert d’avertissement et d’invitation.

Considérez l’ennui comme un témoin clignotant du tableau de bord de la voiture. Quelque chose a entrainé votre perte d’intérêt, et cela a vidé votre réserve de joie. Qu’est-ce que c’est? Il s’agit peut-être d’un besoin physique ou émotionnel qu’il faut soigner. Vous êtes peut-être tenté de céder à la paresse ou peut-être (et c’est plus grave) cherchez-vous à rassasier votre égoïsme idolâtre en essayant de boire dans "des citernes crevassées, qui ne retiennent pas l'eau" (Jérémie 2.13).

Ce qui est tragique avec l’égoïsme c’est que plus on y cède, et moins on est capable d’apprécier les autres choses. A cause de notre égoïsme, tout ce que nous croyons tend à se limiter à nos goûts et préférences personnelles. De manière générale, nous nous préoccupons davantage de notre réputation et de nos intérêts personnels. Quelque soit la raison pour laquelle le témoin de l'ennui clignote, c’est un avertissement miséricordieux de Dieu pour nous indiquer que quelque chose d’important exige notre attention.

On peut également considérer l’ennui comme une invitation gracieuse de la part de Dieu, une invitation à explorer et à découvrir toutes les variations de joie qui naissent de son amour pour nous. Ces joies issues de son amour se révèlent dans la hauteur, la profondeur, la longueur, et la largeur de sa révélation spéciale et générale. L'ennui exprime notre soif de bonheur et Dieu nous offre la possibilité d'être pleinement désaltéré:

"Vous tous qui avez soif, venez aux eaux, même celui qui n'a pas d'argent! Venez, achetez et mangez, venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer! Pourquoi pesez-vous de l'argent pour ce qui ne nourrit pas? Pourquoi travaillez-vous pour ce qui ne rassasie pas? Écoutez-moi donc, et vous mangerez ce qui est bon, et votre âme se délectera de mets succulents" (Esaïe 55.1-2).

Une réserve infinie d’intérêt

G.K. Chesterton a écrit, "Dans ce monde, il n’existe pas de choses ennuyeuses ; il ne peut exister que des personnes ennuyeuses" (Hérétiques, 13).

Quand nous perdons de l'intérêt pour quelque chose, et que ce n’est pas dû à des problèmes de santé ou au péché, nous ne devrions pas nous fier à cette impression trompeuse qui nous fait croire que l'intérêt est totalement épuisé. La bonne démarche est de considérer que notre état d'esprit et notre imagination ne sont plus en forme et qu’il faudrait se remettre à l'entraînement! 

"Ne vous nourrissez pas avec la mal-bouffe des divertissements à bas prix."

La Bible contient des trésors inépuisables de vérité, et le monde et ceux qui nous entourent sont comme des océans remplis de merveilles que Dieu nous invite à sonder. Quand nous sommes essoufflés en montant un escalier, nous réalisons que notre capacité physique n'est pas à son maximum. De la même manière, notre ennui nous indique que notre capacité à trouver de l'intérêt n'est pas à son maximum. Il nous faudra travailler dur pour augmenter cette capacité et réussir à puiser dans ce qui nous redonnera de l'intérêt. D'ailleurs, tout ce qui vaut la peine dans ce monde nécessite toujours un effort de notre part. 

En résumé soyez bien à l'écoute de votre ennui, car il vous révèle quelque chose d’important. C’est votre soif de bonheur. Ne vous nourrissez donc pas de la mal-bouffe des divertissements à bas prix ou du régime malsain de vos ambitions égoïstes…sauf si vous visez la paresse, le mécontentement chronique, ou pire un état de tiédeur spirituel. 

Si vous tenez compte de l’avertissement de l’ennui, il vous montrera vos citernes de joies crevassées. Si vous acceptez son invitation, il vous mènera là où les vraies fontaines de joies se trouvent.L'auteur de cet article est Jon Bloom (@Bloom_Jon), membre du conseil, et co-fondateur du Desiring God. Il est également l’auteur de trois livres: Not by Sight (Non par la vue), Things Not Seen (Celles qu’on ne voit pas) and Don’t Follow Your Heart (Ne suivez pas votre coeur). Il vit avec sa femme et ses cinq enfants aux Twin Cities (USA).


3 ressources pour aller plus loin sur le sujet

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