Dans le cadre de notre grand concours de poésie 2021 organisé sur Plumes Chrétiennes en partenariat avec ToutPourSaGloire.com, je vous propose deux articles sur la question suivante: pourquoi s’intéresser à la poésie? Celui que vous lisez est le deuxième de la série.
La deuxième raison pour laquelle nous devrions nous intéresser à la poésie est que Dieu, le poète par excellence, nous a créés comme des êtres doués de poésie. Nous n’avons pas fabriqué cette capacité. Dès que le premier homme parle, il le fait en vers:
Voici bien cette fois
Genèse 2.23 (Version Semeur)
celle qui est
os de mes os,
chair de ma chair.
Elle sera appelée « femme »
car elle a été prise
de l’homme.
Nous savons que la Chute nous a fait perdre la plupart de nos aptitudes créatrices. Pourtant, comme le note J.R.R Tolkien, nous "traînons encore des lambeaux de notre grandeur passée, nous continuons de créer de la manière dont nous avons été créés."[1]
Dire l’indicible
Paradoxalement, la poésie nous permet de dire le mieux possible ce qu’on ne parvient pas à dire. Certaines expériences que nous vivons sont si puissantes que le langage vient à nous manquer. Comment exprimer, par exemple, la paix que notre Seigneur nous offre? Plutôt que de rester sans voix, le poète écrit pour tenter de saisir au vol des moments intenses, joyeux ou douloureux; il s’escrime dans l’arène pour transformer des émerveillements en mots.
Tout le monde n’est pas nécessairement poète, me diriez-vous, mais écoutez les enfants: ils nous offrent souvent de magnifiques perles poétiques. Nos expressions quotidiennes témoignent également de ce lien indéfectible que nous cultivons avec la métaphore: on fond en larmes ou on rit aux éclats; on a chaud au cœur, mais froid aux yeux…
Désuétude des vers
Soyons honnête, il est pourtant loin le temps où l’on se retrouvait au coin du feu pour lire de la poésie. Dans notre société postmoderne, les gens n’accrochent plus avec les vers... Plus inquiétant encore, les Psaumes disparaissent parfois de la liturgie évangélique, alors même qu’ils en sont depuis des millénaires un élément essentiel. Les cantiques ont parfois tendance à s’appauvrir (l’histoire derrière le chant Bondissez de joie est instructive). Sans mon grand-père et mon père, humbles poètes méconnus, je serais moi-même bien ignorant de la question.
La poésie disparaît également peu à peu de la presse nationale grand public et le rayon poésie des librairies se réduit comme une peau de chagrin. Les poètes ne sont plus, comme il y a à peine un siècle, le fleuron de la littérature française.
Comment expliquer cela? Une chose est certaine: le Diable y voit de l’intérêt. Il aimerait que plus d’un tiers de la Bible nous paraisse rébarbatif et étrange. Il se réjouit quand notre monde nous sature d’écrans et nous berce dans l’illusion de l’immédiateté. Ainsi, nous sommes de moins en moins aptes à prendre le temps de l’étude et de la création. Satan a peur des artistes et des poètes chrétiens, car ils labourent patiemment le cœur des gens qui errent dans le monde en quête de sens; ce sont eux qui préparent le terrain pour que la semence de l’Évangile y prenne racine efficacement.
Dieu est généreux dans sa splendeur
Fort heureusement, Jésus a eu le dernier mot. Loin du tableau un peu sombre que j’ai dressé, les notes d’espoir sont bien là. Les slameurs et les rappeurs chrétiens contemporains (je pense par exemple à l’excellente Néïs Cros ou au talentueux rappeur Meak) revisitent de façon pertinente et accessible la poésie.
Sur Plumes Chrétiennes, des poètes viennent de partout pour partager leur expérience, apprendre, dialoguer. De jeunes auteurs relèvent le défi de lire de la poésie, de la comprendre et d’en écrire. Notre premier concours en 2019 avait réuni plus de 60 candidats (et nous comptons sur vous pour le concours 2021 présenté en fin d’article).
Nous n’avons pas fini d’être émerveillés! Si vous aimez les reportages sur les splendeurs de l’océan, vous avez dû être surpris, comme moi, de découvrir autant de créatures différentes, toutes plus ingénieuses les unes que les autres. Dieu ne s’est pas contenté de quelques dizaines d’espèces de poissons. Selon l’Unesco, plus de 226 000 espèces marines sont aujourd'hui connues! Ce constat a fait dire à John Piper: "Dieu est généreux dans sa splendeur. Il déborde de créativité pour ce qui est beau. Ainsi a été créé le monde. Combien plus resplendissant doit être le Seigneur qui a pensé et mis tout cela en œuvre!"[2]
Dieu est généreux dans sa splendeur, y compris pour le langage! Je suis fasciné par la richesse de notre langue. Rien qu’en français, Le Grand Robert de la langue Française compte autour de 100 000 mots et 350 000 définitions couvrant les différents sens de tous ces mots. Le poète pourra pêcher tranquillement dans cette réserve incroyable… sans pour autant laisser les poissons manger les vers au bout de la ligne! :)
Concluons cet article en réaffirmant une vérité tirée d’une Parabole de Jésus (Luc 12.15-21): Dieu ne nous a pas créés pour amasser des richesses dans un grenier. Il nous a créés pour le louer, comme les oiseaux du ciel. C’est le thème de ce poème méconnu de Vincent Biétrix[3] que je vous propose de découvrir ci-dessous.
Méditationnette
Petits oiseaux des cieux, quand j’ouvre ma fenêtre,
Alors que l’astre roi commence de paraître
Et que les saphirs bleus fondent à l’horizon;
Pourquoi ces chants joyeux sortis du vert gazon,
Comme mille parfums qui montent de la terre?
Dites-moi: chantez-vous les couplets de l’amour,
Ou bien saluez-vous de votre voix légère
Le plaisir de la vie ou le bonheur d’un jour?
Petits oiseaux des cieux, quand la nuit dans ses voiles
A drapé la campagne et piqué des étoiles
Au fond du toit d’azur; dehors je viens rêver
Et chercher un repos que je ne puis trouver:
Alors pourquoi ne plus troubler le calme immense
Qui pèse sur les monts et qui plane en tout lieu?
Dites-moi: dans vos nids priez-vous en silence
Et chantez-vous tout bas un hymne au Seigneur Dieu?
Petits oiseaux des cieux, oui vous chantez l’aurore
Et la vie et l’amour et le soleil qui dore
De ses rayons pourprés les épis des guérets;
Et le soir vous priez cachés dans les bosquets:
Comme si vous aviez des tendresses secrètes
Pour les larmes du cœur que lien ne peut calmer.
Car Dieu vous a créés semblables aux poètes
Et vous fit pour prier, pour chanter, pour aimer.
Vincent Biétrix
Notre concours de poésie 2021, avec Meak
Cet article vous a donné envie de prendre la plume? Venez participer au concours de poésie organisé par Plumes Chrétiennes en partenariat avec Tout Pour Sa Gloire. Il vous faudra réécrire une Parabole de Jésus (voir la liste complète des Paraboles ici) sous forme poétique (vers ou prose poétique) en adoptant un point de vue original. Il est possible, par exemple, de changer le point de vue de la narration, le lieu de l’histoire, l’époque ou le comportement des personnages. Il s’agit de ne pas répéter exactement le texte, tout en gardant des références claires et le sens de la Parabole.

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[1] Lettre 181, J.R.R. Tolkien (lettre datant probablement du début de l'année 1956).
[2] "Holy, Holy, Holy Is the Lord of Hosts", John Piper
[3] Vers de Ciel, anthologie de poèmes évangéliques, Ed. ThéoTeX
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